Origine de l'expression "Des mesures draconiennes", le savez-vous ?

Prendre des mesures excessivement sévères.

L’expression “prendre des mesures draconiennes” trouve son origine dans un fait historique de l’antiquité grecque.

Au VIIe siècle avant notre ère, les aristocrates athéniens chassent les rois pour les remplacer et instaurer un gouvernement aristocratique composé de neuf archontes (magistrats chargés des plus hautes fonctions dans diverses cités grecques). Vers 621, un archonte du nom de Dracon, établit un code pénal très sévère. En effet ces premières lois écrites dans l’histoire de l’humanité dictaient des punitions identiques et impitoyables pour toutes les classes sociales. La moindre faute, la plus infime soit elle, était punie de mort! Cette rigueur “draconienne” restera dans les mémoires au point que Plutarque la rapportera tardivement en indiquant dans la “Vie de Solon” (17, 3) que les textes avaient été écrits avec du sang et non avec de l’encre.

17. Il commença par abroger toutes les lois de Dracon, excepté celles qui regardaient le meurtre. Excessivement sévères dans les punitions, elles ne prononçaient qu’une même peine pour toutes les fautes: c’était la peine de mort. Ceux qui étaient convaincus d’oisiveté, ceux qui n’avaient volé que des légumes ou des fruits, étaient punis avec la même rigueur que les sacrilèges et les homicides. Aussi, dans la suite, Demade disait-il avec raison que Dracon avait écrit ses lois non avec de l’encre, mais avec du sang. Quand on demandait à ce législateur pourquoi il avait ordonné la peine de mort pour toutes les fautes, il répondait: “J’ai cru que les moindres fautes méritaient cette peine, et je n’en ai pas trouvé d’autre pour les plus grandes.”

Plutarque, “Vie de Solon”, (17,3)

Cependant, pour comprendre la raison de ce code il faut se replacer dans le contexte de l’époque où la vengeance privée et le bon plaisir des patriarches faisaient leur loi. Ce code avait donc pour objectif d’éradiquer la vengeance collective et de dissuader les criminels potentiels en leur promettant une punition exemplaire de la part de la société (et donc de l’Etat) et bien plus sévère que celle des vendetta des puissants de l’époque. Ce code se devait d’être pour apaiser les tensions entre les différentes classes sociales.

Malgré son extrême rigueur dans ses lois, on doit à Dracon d’avoir fait la distinction entre le meurtre prémédité et l’homicide involontaire. Il introduit, de plus, en Grèce le principe de la responsabilité morale même si ses réformes portent atteinte aux clans familiaux. Cependant, cette réforme fut loin d’être unanime et ces lois furent abolies par la suite du fait de leur extrême sévérité obligeant Dracon à s’exiler à Egine. La légende rapporte qu’il y mourut enseveli sous les offrandes que les citoyens jetèrent sur lui au théâtre.

L’adjectif né du nom de Dracon désigne maintenant des mesures extrêmes et sévères que nous appelons “mesures draconiennes”.

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